Dubaï vs Casablanca : un dilemme d’investissement entre deux hubs économiques dynamiques

Par Mounir RGUIG, expert-comptable et co-fondateur Tax Cluster.

Cet article fait partie d’un dossier, composé de plusieurs publications, qui propose une analyse approfondie des aspects clés que chaque métropole offre aux entreprises, incluant l’attractivité économique, la fiscalité, la qualité de vie, et l’innovation. Il a pour but de guider les investisseurs dans le choix de la ville la plus adaptée à leurs objectifs.

L’investissement au cœur de deux hubs en pleine expansion

Alors que les marchés mondiaux continuent d’évoluer rapidement, choisir un emplacement stratégique pour vos investissements devient un défi crucial. Dubaï et Casablanca, deux métropoles situées à des carrefours géographiques et culturels distincts, se sont imposées comme des hubs économiques incontournables.

Mais comment ces villes se positionnent-elles véritablement dans le paysage global des affaires, et quels défis et opportunités présentent-elles pour les investisseurs en 2025-2030 ?

Ce premier article d’une série propose une vue d’ensemble de ces deux destinations, en mettant l’accent sur leurs trajectoires futures, la fiscalité, et les tendances émergentes.

1. Dubaï : un modèle d’innovation, de diversification et de fiscalité avantageuse

Dubaï, souvent citée comme exemple de réussite économique dans le Golfe, est aujourd’hui bien plus qu’un centre d’affaires régional. Avec une croissance de 3,2 %[1] au premier trimestre 2024 et un PIB atteignant 115 milliards de dirhams (31,3 milliards de dollars)[2], l’émirat continue de se renforcer sur la scène mondiale.

Contrairement à la perception traditionnelle axée sur le pétrole, ce secteur ne constitue désormais qu’environ 1 % du PIB. Dubaï a su diversifier son économie en se concentrant sur le commerce de gros et de détail (22,9 % du PIB), les services financiers (13,1 %), et le secteur des transports et de la logistique (5,6 %)[3].

1.1. Fiscalité à Dubaï : un cadre attractif

La fiscalité à Dubaï demeure l’un des éléments les plus attractifs pour les investisseurs. L’émirat a introduit en 2023 un impôt sur les sociétés à un taux de 9 %, complété par une TVA à 5 %. Ces taux sont parmi les plus compétitifs au monde, renforçant l’attractivité de Dubaï pour les entreprises internationales.

De plus, les zones franches de Dubaï continuent d’offrir des exemptions fiscales significatives, notamment pour les entreprises opérant dans des secteurs stratégiques comme la technologie et l’innovation.

L’UAE envisagerait d’introduction l’impôt sur le revenu salarial sur les prochaines années.

1.2. Technologies de rupture et innovation digitale

Dubaï vise à devenir un leader mondial dans les technologies de rupture, notamment l’intelligence artificielle (IA) et la blockchain. Le gouvernement a déjà lancé des initiatives telles que la « Dubai Blockchain Strategy » et l’ »Artificial Intelligence Strategy », qui devraient porter leurs fruits d’ici 2025 avec l’intégration accrue de ces technologies dans les secteurs publics et privés.

L’objectif est de faire de Dubaï une ville intelligente de premier plan où l’IA et la blockchain optimisent les opérations commerciales, réduisent les coûts et améliorent la transparence.

1.3. Renforcement de l’économie verte

Dubaï investit massivement dans les énergies renouvelables, notamment avec des projets tels que le parc solaire Mohammed bin Rashid Al Maktoum, l’un des plus grands au monde.

En 2025, Dubaï prévoit de générer une part significative de son électricité à partir de sources renouvelables, dans le cadre de sa stratégie pour réduire sa dépe   ndance aux énergies fossiles et atteindre les objectifs de durabilité fixés par l’ »UAE Energy Strategy 2050″.

1.4. Expansion des zones franches et des infrastructures

– Zones Franches : Dubaï continuera d’étendre ses zones franches, qui sont des moteurs majeurs de l’IDE. La diversification des activités dans ces zones devrait attirer des entreprises des secteurs des technologies spatiales, des énergies renouvelables et de la logistique, avec des initiatives comme la « Dubai Free Zones Council » visant à faciliter l’intégration et la croissance des entreprises.

– Infrastructures : Le développement de mégaprojets comme Expo 2020 (qui a été prolongée en 2021) a jeté les bases pour de nouveaux investissements dans les infrastructures. En 2025, Dubaï verra probablement l’achèvement de plusieurs projets immobiliers et d’infrastructures de transport qui renforceront sa connectivité mondiale.

1.5. Secteur immobilier

Croissance du Marché Immobilier : Le marché immobilier de Dubaï, bien qu’ayant connu des fluctuations, devrait se stabiliser et croître d’ici 2025, avec un accent sur les projets de luxe et commerciaux.

L’augmentation continue des investissements étrangers, soutenue par les réformes législatives facilitant la propriété étrangère, jouera un rôle clé dans cette croissance.

2. Casablanca : un hub industriel et logistique en pleine expansion (2024-2030)

Casablanca, capitale économique du Maroc, se positionne de plus en plus comme une porte d’entrée vers les marchés africains et une base stratégique pour les entreprises cherchant à se développer sur le continent.

Grâce à son cadre fiscal compétitif et à des initiatives de développement industriel, la ville attire une part croissante des investissements étrangers.

 2.1. Casablanca Finance City : un pôle financier régional

Le cadre fiscal marocain, bien qu’encore plus complexe que celui de Dubaï, continue de se réformer pour attirer les investisseurs. Casablanca bénéficie de la présence de Casablanca Finance City (CFC), une zone dédiée qui offre des avantages fiscaux significatifs pour les entreprises orientées vers l’Afrique. Les entreprises accréditées CFC bénéficient d’une exonération totale d’impôts pendant cinq ans, suivie d’un taux réduit de 15 %.

CFC permet ainsi à Casablanca d’être le hub financier le plus dynamique d’Afrique du Nord, attirant plus de 200 entreprises à haut niveau, dont certaines des plus grandes institutions financières mondiales.

De plus, le Maroc s’engage dans des accords de libre-échange avec de nombreux pays, renforçant ainsi l’attractivité de Casablanca comme centre de commerce. Des réductions fiscales sont également disponibles pour les industries stratégiques, en particulier celles liées aux secteurs de la technologie, des énergies renouvelables et de l’agriculture.

2.2. Technologies de l’information et innovation digitale

Le programme Maroc Digital 2025 reflète l’engagement de Casablanca dans la transition numérique du pays, avec pour objectif de devenir un centre technologique leader sur le continent africain. Casablanca se positionne ainsi comme une base régionale pour les entreprises technologiques, en particulier dans les secteurs des fintechs, des cybersécurités et de l’e-commerce.

– Startups et fintechs : Avec un écosystème en plein développement, Casablanca accueille de plus en plus de startups technologiques, soutenues par des initiatives gouvernementales telles que l’Agence du Développement Digital (ADD). De plus, des incubateurs et des fonds de capital-risque contribuent à financer des projets dans le domaine des fintechs, où la demande pour les services financiers numériques croît rapidement à travers l’Afrique.

– E-commerce et cybersécurité : L’essor du commerce en ligne, combiné à la transformation numérique des services publics et privés, pousse Casablanca à développer des plateformes d’e-commerce et des solutions de cybersécurité. Ces secteurs sont renforcés par des partenariats publics-privés qui visent à améliorer les infrastructures technologiques et l’inclusion numérique.

Casablanca est bien placée pour servir de hub technologique africain, avec des initiatives qui devraient attirer les entreprises souhaitant explorer les marchés numériques en expansion rapide sur le continent.

3. Énergies renouvelables et durabilité

Le Maroc a mis en place une politique ambitieuse pour devenir un leader dans le domaine des énergies renouvelables, avec l’objectif de produire 52% de son électricité à partir de sources renouvelables d’ici 2030. Casablanca, en tant que hub industriel, est un point central dans cette transformation énergétique.

– Projets solaires et éoliens : Dans la région de Casablanca, de nombreux projets sont en cours pour développer des parcs solaires et éoliens, attirant des investisseurs internationaux intéressés par les projets de transition verte. Ces projets sont souvent soutenus par des partenariats public-privé, notamment avec des fonds de développement internationaux.

– Opportunités d’investissement : Les opportunités sont nombreuses dans les technologies de stockage d’énergie, les solutions d’efficacité énergétique pour les bâtiments, et les projets solaires destinés à répondre à la demande croissante d’énergie propre dans les zones industrielles de Casablanca. Les entreprises de services énergétiques peuvent également tirer parti des initiatives de modernisation des infrastructures énergétiques dans la ville.

Casablanca devient ainsi une plaque tournante pour les entreprises cherchant à s’engager dans des projets durables, tout en profitant de l’engagement du Maroc en faveur de la réduction des émissions de carbone et de la durabilité.

4. Infrastructures et BTP

Le secteur des infrastructures et du Bâtiment et Travaux Publics (BTP) à Casablanca continue de se développer rapidement. La ville joue un rôle clé dans l’expansion des infrastructures de transport, des logements résidentiels, et des centres commerciaux, avec des projets soutenus par les grands événements à venir.

– Événements majeurs : CAN 2025 et Coupe du Monde 2030 : La préparation de Casablanca pour accueillir des événements d’envergure tels que la Coupe d’Afrique des Nations 2025 (CAN) et une éventuelle Coupe du Monde 2030 stimule les investissements dans les infrastructures sportives, les hôtels et les logements. Ces projets créent de nouvelles opportunités pour les investisseurs dans le secteur du BTP.

– Modernisation urbaine : Casablanca est au cœur de plusieurs programmes visant à moderniser les routes, les ports, et les réseaux ferroviaires. Des projets comme l’extension des lignes de tramway et la création de nouveaux centres d’affaires sont en cours, avec des initiatives gouvernementales visant à améliorer la mobilité et l’accès aux infrastructures urbaines.

En combinant ces opportunités avec les grands événements à venir, Casablanca attire des investissements massifs dans le secteur des infrastructures, ce qui renforce son rôle de ville en pleine transformation, prête à accueillir de nouveaux capitaux pour accompagner sa modernisation.

Conclusion : un choix stratégiquement déterminant

En définitive, le choix entre Dubaï et Casablanca dépend de la nature des investissements envisagés. Dubaï se distingue par son innovation technologique et sa fiscalité attrayante, idéale pour les entreprises cherchant à évoluer dans les secteurs de la technologie, de la finance, et des infrastructures modernes. Casablanca, quant à elle, se positionne comme un hub stratégique pour accéder aux marchés africains, avec des opportunités importantes dans l’agriculture, les énergies renouvelables, et les infrastructures.

Ces deux hubs, bien que différents par leur taille et leur histoire, sont des pôles[MOU1] économiques essentiels pour les investisseurs cherchant à maximiser leur présence dans les régions MENA et Afrique.


[1] Source : Digital Dubai – Dubai’s GDP tops AED 115 billion in the first quarter of 2024, reflecting a growth of 3.2% compared to the same period in 2023​              

[2] Source : Digital Dubai – The GDP of Dubai reached approximately AED 115 billion in the first quarter of 2024

[3] Source : Digital Dubai – Various sectors such as wholesale and retail trade, financial services, and transportation and logistics have been key contributors to Dubai’s GDP​

[MOU1] Il est plus pertinent d’utiliser le terme « métropoles » dans ce contexte comme indiqué précédemment.


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Mounir RGUIG
Mounir RGUIG

Mounir RGUIG, expert-comptable et dirigeant du cabinet d’expertise-comptable MRG Consulting. Il est également co-fondateur de Tax Cluster.

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